Les figures freestyle avancées par Jordi Morella

On est fiers de remettre en lumière un morceau d’histoire du 4 lignes : Experiencias (2007–2009) de Jordi Morella. Publiées à l’époque en Flash, ces 9 figures avancées ont façonné notre vocabulaire commun. Avec l’accord de Jordi, on les a sorties du coffre numérique, restaurées, converties et réassemblées pour nos écrans d’aujourd’hui — pour que ça vole fluide, comme à l’origine.

Ce travail a demandé des heures de fouille, de reconstruction et de vérifications croisée, puis une traduction soignée en français et en anglais, faite par et pour des cerfs-volistes. Merci Jordi pour cette pépite, et merci à la communauté qui nous aide à la préserver. Bonne (re)découverte !

À noter : la suite de la page reprend le texte original où Jordi s’exprime à la première personne (version issue de Revomania), avec quelques ajustements de forme pour la clarté.

Introduction

Si, en temps normal, le cerf-volant évolue sur une surface semi‑sphérique, avec ces figures, on obtient un vol tridimensionnel : on va aussi pouvoir placer la voile parallèle au vent.

Quelques conseils avant de rentrer dans le vif :

  • Avec des poignées standards, on ne réalise généralement pas ces figures ; il faut utiliser des poignées longues. J’explique en bas de page comment modifier ses poignées soi-même.
  • Évite montre et bijoux où les lignes peuvent s’accrocher (vécu) : sur des mouvements brusques, elles s’enroulent autour du bracelet, de la boucle, ou de n’importe quel relief.
  • Sur les brides de réglage des poignées, veille à ne pas laisser d’excédent de ligne : ça accroche facilement, surtout avec des lignes très fines ou de faible résistance.
  • Très, très important : les sorties de bridage sur les pointes inférieures doivent être opposées, c’est‑à‑dire les deux vers l’intérieur (mieux) ou les deux vers l’extérieur, mais jamais du même côté toutes les deux.

Les figures avancées

Flic flac

Flic flac

Les étapes

  1. Depuis un vol stable, on se place en haut et au centre de la fenêtre.
  2. On descend la voile de façon continue avec les quatre lignes toujours en tension.
  3. À un tiers de la hauteur de la fenêtre, on engage la figure.
  4. Tire énergiquement sur les deux poignées en même temps pour freiner : le cerf‑volant tend à se mettre horizontal (pointes vers toi), puis poursuit en relevant les pointes jusqu’à les orienter vers le haut.
  5. Mouvement suivant : tirer à nouveau franchement sur les freins.
  6. La voile revient en position de vol.
  7. Reste à stabiliser.

Cette manœuvre peut se réaliser dans n’importe quel sens et orientation du cerf‑volant.

Clam roll

Clam roll / Atterrissage et décollage à 180º

L’atterrissage et le décollage à 180° sont très spectaculaires. Tout d’abord, on commence comme pour un arrêt sur les deux pointes d’aile (arrêt classique) et, à environ un mètre du sol, on déclenche la première partie du flic‑flac tout en avançant très vite de deux pas avec les poignées en avant ; la partie supérieure de la voile vient alors se poser au sol : première moitié du flic‑flac terminée.

Le décollage doit être très énergique : mets en tension les freins et, d’un mouvement rapide, « plante » les freins en même temps que tu recules. La voile pivote sur elle‑même pour revenir en position normale. À partir de là, on poursuit sur un décollage conventionnel.

Note importante : L’expérience m’a appris qu’il faut des sorties de bridage inférieures et supérieures du côté intérieur ; sinon, en position flic‑flac, les lignes glissent à l’extérieur et empêchent la manœuvre.

Catch (attrapé dans les airs)

Catch (attrapé dans les airs)

Ces manœuvres se travaillent avec des lignes courtes, autour de 10 m. Une fois acquises, on peut augmenter la longueur.

On amorce une montée. Pendant la montée équilibrée, on passe les deux poignées dans une seule main et, de l’autre, on saisit les deux lignes du haut (comme on replie le bras pour tenir les deux poignées d’une main, la distance pour attraper les lignes sera celle de l’autre bras, mais bras tendu). Avant le zénith, on tire et la voile tombe ; il ne reste qu’à aller la récupérer. Le contrôle devient délicat : il faut regrouper les deux poignées dans une main, estimer où la voile va tomber, se déplacer vers elle pour la cueillir de l’autre main… tout en évitant que les lignes se croisent.

Note 1 : je suis droitier : je tiens les poignées main gauche, je tire main droite et j’attrape la voile de cette même main ; elle est alors prête à être lancée.

Note 2 : Savoir donner le tirage au bon moment fait toute la différence : trop haut ou trop fort, la voile te passe au‑delà ; trop bas ou trop doux, elle n’arrive pas. La force du vent influence beaucoup.

Note de QuadKites.org : l’orientation du bord d’attaque au moment de tirer est très important. Si le bord d’attaque est bien droit, le cerf-volant viendra vers toi. Si le bord d’attaque est inclinée, même légèrement, le cerf-volant atterrira sur le côté.

Attention aux lignes : les emmêlements peuvent devenir ENORMES… et plus c’est fin, plus c’est galère.

Throw

Throw (le lancé)

Pour lancer la voile, vérifie d’abord l’absence d’emmêlements, puis que les lignes ne se soient pas nouées autour des brides de réglage sur les poignées ; vérifie aussi que tu ne marches pas sur une ligne ou qu’elle n’est pas coincée dans une montre, un bracelet, etc.

Dos au vent, tiens la voile (barre en haut) approximativement au centre de la face avant avec la main qui tient les poignées ; la main libre sert à donner l’impulsion, la plus parallèle possible au sol et le plus dans l’axe du vent, pour que celui‑ci emmène la voile le plus loin possible.

La gravité fait le reste : à mesure qu’elle s’éloigne, la voile tend à présenter sa face avant et à « piquer ». La fin de trajectoire se gère par un arrêt sec contrôlé au frein.

Note de QuadKites.org : la main libre qui propulse le cerf-volant doit faire un moment proche d’un lancé de javelot.

Axel

Axel

L’axel est l’une des figures les plus exigeantes. Ce n’est pas l’axel « classique » des deux lignes : ici on parle d’un axel en position inversée.

On place la voile inversée (bord d’attaque vers le bas), on descend doucement en agissant sur les freins (pour incliner la voile), puis on fait un pas en avant pour la déventer et, avec la poignée du côté opposé au sens de rotation voulu, on tire fort et de manière continue sur la partie « frein ». La voile se cale un instant puis engage une rotation sur 360°.

À mi‑rotation, avance avec finesse, prêt à t’aider de l’autre poignée pour équilibrer et éviter qu’un axel trop plat ne se transforme en plané jusqu’au sol.

Astuce : c’est plus facile près des bords latéraux de la fenêtre, ou en un vent faible par rapport à ta voile.

Pancake

Pancake (posé sur le ventre)

On entre en figure par un piqué vers le bas ; à l’approche du point de déclenchement on accélère, et à environ 50 cm du sol (25 cm c’est encore mieux) on fait un pas en avant en tirant très fort sur les freins des deux poignées tout en poussant les parties supérieures vers l’avant pour donner de la course. C’est un combo : un coup de poignet rapide + l’avancée des bras.

Pour la sortie, on recule et on laisse le vent regonfler, contrôle à la poignée en frein.

Figure difficile : sans un bon bagage « figures avancées », on a vite fait de la massacrer.

Mieux avec des lignes courtes que longues.

Fade

Fade

Le fade est une figure difficile à maintenir. Il est facile à initier, mais maintenir le cerf-volant en suspension est plus compliqué qu’il n’y paraît.

Comme vous le verrez, le début est simple : nous partons d’une position élevée et faisons descendre le kite en position normale jusqu’à atteindre un tiers de la hauteur de notre fenêtre. À ce stade, nous actionnons énergiquement les freins, ce qui fera que le voile aura tendance à se mettre à l’horizontale et à dépasser légèrement. À ce stade, il suffit d’avoir de l’habileté avec les freins pour pouvoir la maintenir dans cette position aussi longtemps que vous le souhaitez.

Pour sortir du Fade, si le cerf-volant n’est pas déjà tombé ou emmêlé, il faut avancer les commandes avec les freins en avent, maintenir les lignes tendues et actionner à nouveau les commandes énergiquement vers l’arrière. Le kite tournera rapidement à 90° et il ne restera plus qu’à reprendre le contrôle normalement.

Note : en sortie de fade, la voile a tendance à partir d’un côté, car en horizontale elle se décale généralement et, au moment de reprendre, on n’est plus exactement au centre de la fenêtre.

Il est possible de décoller depuis le sol en fade, mais si vous n’avez pas les barres arrière, c’est très difficile.

Catch (depuis le sol)

Catch (depuis le sol)

Figure généralement réalisée avec des lignes très courtes.

Premier temps : poser (ou avoir) la voile au centre de la fenêtre. Passe ensuite les deux poignées dans une main, et de l’autre, tire doucement sur les lignes supérieures jusqu’à former un certain angle. À partir de là, donne un fort tirage : la voile vient vers toi en planant.

Note : l’angle initial et l’amplitude du tirage s’acquièrent à l’expérience ; leur combinaison conditionne le résultat : récupération haute en parabole, à ras du sol, ou courte.

Bicycle (bicyclette)

Bicycle (bicyclette)

La « bicycle » est une figure difficile : il faut avoir appris et enchaîné une série de mouvements qui semblent simples au début… et qui ne le sont pas tant que ça :

  1. Le plus facile : le déplacement « normal » de la voile mais à 90° vers l’avant : on part d’un coin de fenêtre et on traverse jusqu’à l’autre, en veillant à ne pas perdre de hauteur. On fait demi‑tour (180°) et on revient, ainsi de suite, à différentes vitesses.
  2. Même mouvement mais à l’envers : difficulté plus élevée, car trop de frein fait plier les plans vers toi… et c’est la chute.
  3. Celui‑ci est peut‑être le plus joli, mais pas le plus simple : il faut tracer des lignes parallèles au sol.
  4. Le mouvement qui paraît simple mais ne l’est pas : déplacer la voile horizontalement . Garde à l’esprit qu’on traverse la fenêtre de zones de pression minimale à maximale puis minimale, avec toutes les variations intermédiaires : il faut jouer freins et bras, allonger ou céder selon le côté.
  5. Dernier mouvement : un pivot sur elle‑même sans perte d’altitude. Entraîne‑le à différentes hauteurs, vitesses, sens et positions dans la fenêtre. Dès qu’on s’éloigne du centre, ça se complique.

Une fois tout cela acquis — même si ça semble très difficile — la plupart des briques sont déjà là sans qu’on s’en rende compte. Il ne reste qu’à tout combiner. Parfois on croit devoir freiner alors qu’il faut accélérer, parfois l’inverse… et, selon le vent, c’est… indécidable.

Astuce utile : au départ, donne une ou deux rotations en sens inverse pour éviter que les lignes ne durcissent au pivotement ; ainsi, tu « défais » les tours et, du côté critique en fin de manœuvre, tu arrives avec des lignes propres ou une seule spire.

N’oublie pas : ce n’est pas qu’un jeu de poignets ; les bras participent pleinement.

Fabriquer les poignées

Poignée modifiée 23 cm, poignée modifiée 18 cm et poignée originale

À partir de poignées d’origine, on peut les allonger autant qu’on le souhaite. Pour cela, on commence par couper la partie inférieure (là où se loge le butoir), puis on coupe l’excédent de tube à ras du manchon et, à la lime, on enlève bavures et petites aspérités restantes.

Coupe ensuite la longueur de tube carbone de 8 mm à ajouter (entre 25 cm et 15 cm ; je ne conseille pas plus long car le pilotage devient bizarre). Colle la pointe au bi‑composant ; une fois sec, colle la partie supérieure du tube sur le reste de la poignée.

À noter : selon la marque de tube, il faudra le poncer légèrement pour l’emboîter dans la partie basse de la poignée ; l’emboîtement se fait généralement sur 1,5 à 2,5 cm.

Si l’on travaille proprement, le résultat final donne l’impression d’une poignée en carbone « cintrée » d’un seul tenant.

Couper le tube en aluminium aux flèches oranges (à gauche) et coller la barre en carbone (à droite)

On peut aussi appliquer la même méthode sur la partie supérieure : l’illusion de poignées tout‑carbone est parfaite.

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